L’entrepreneuriat inclusif : on ne peut plus s’en passer !
Dans un monde qui est, heureusement, de plus en plus sensible aux causes de l’égalité et de la responsabilité sociale, l’inclusion et la diversité sont à la base d’une société plus juste. Et l’entrepreneuriat inclusif en fait partie importante ! Au FEMontérégie, nous travaillons chaque jour pour offrir des opportunités égales à tous les citoyens de notre région désireux d’entreprendre, mais qui rencontrent des obstacles tout au long de leur parcours puisqu’ils se retrouvent en situation de vulnérabilité.
Qu’est-ce que l’entrepreneuriat inclusif ?
Afin de mieux comprendre ce qu’est l’entrepreneuriat inclusif, prenons ses 4 attributs principaux, définis par Le Groupe des sept (G7), dont fait partie le Canada, lors de son sommet en 2021 :
- Engagement intentionnel de la base de la pyramide (BOP[1]), soit l’implication des populations à faible revenu ;
- Recherche de viabilité financière, c’est-à-dire que l’entreprise inclusive vise à être profitable et compétitive ;
- Développement de l’activité, dans le sens d’opportunités saisies par les entreprises inclusives ;
- Impact sur le BOP géré et mesuré afin de maximiser les résultats positifs et corriger les négatifs.
Notons aussi que l’entrepreneuriat inclusif est à ne pas confondre avec l’entrepreneuriat social : « le commerce inclusif mise sur un équilibre entre les objectifs sociaux et la rentabilité économique. Alors que l’entrepreneuriat social vise principalement le développement des biens et services à destination directe des populations à revenus faibles. Ainsi, même si l’entrepreneuriat inclusif cherche à promouvoir son modèle grâce à une approche philanthropique, cela reste du business. La rentabilité économique et le profit des entreprises demeurent les objectifs premiers[2] ».
L’entrepreneuriat inclusif correspond donc à un modèle actif où les communautés vulnérables ou marginalisées sont autonomisées pour que les individus qui en font partie deviennent créateurs de leur propre avenir.
Inclure qui dans l’entrepreneuriat ?
Puisque l’entrepreneuriat inclusif est né comme réponse aux inégalités, il n’est pas surprenant que :
- Les immigrants ;
- Les femmes ;
- Les mères monoparentales ;
- Les membres des minorités visibles ;
- Les membres de la communauté LGBTQ+ ;
- Les personnes handicapées ou en situation de handicap ; et même
- Le neuroatypiques…
… en bénéficient. De ce fait, ils auraient davantage d’accès à des opportunités leur permettant de produire des revenus suffisants et à long terme.
L’entrepreneuriat devient ainsi une activité productive dont les conditions de travail peuvent être adaptées par l’entrepreneur selon ses préférences, ses différences ou ses particularités (horaires, style de travail, difficultés d’intégration, p. ex.), lesquelles ne seraient peut-être pas acceptées ailleurs (en tant qu’employé), même si la pénurie de main-d’œuvre a changé la donne et que de plus en plus des dirigeants sont prêts à s’accommoder aux besoins des travailleurs.
L’enjeu de l’inclusion au Québec
Province diverse et multiculturelle, le Québec n’est pas étranger aux enjeux de l’inclusion. Ce n’est pas en vain qu’elle soutient le réseau de l’entrepreneuriat inclusif dont font partie, par exemple, MicroEntreprendre — dont nous sommes fiers membres —, Evol ou Entreprendre Ici.
Conscient de l’importance des petites entreprises, constituant presque 98 % de l’économie provinciale, ainsi que du potentiel des communautés qui se trouvent sous-représentées dans le monde de l’entrepreneuriat, le gouvernement québécois investit des millions, par l’entremise d’Investissement Québec, afin de réduire les exclusions socioéconomiques et de donner des chances égales à tous et à toutes de réussir.
Des objectifs primordiaux que notre société est, néanmoins, loin d’atteindre : « Malgré les efforts des organisations, les seuils de représentation des minorités sont encore faibles aujourd’hui. [Par exemple], les femmes représentent 16 % des entrepreneures au Québec et les immigrants seulement 4 % », a affirmé Tania Saba, fondatrice de la chaire BMO en diversité et gouvernance à l’Université de Montréal, en mars 2022, lors de la conférence Entrepreneuriat inclusif et diversité, organisée par le Centre d’Entrepreneuriat de la même université.
Dans le contexte mondial, des initiatives comme Business for Inclusive Growth—B4IG —, créée en 2019 par le G7, continuent à contribuer à la promotion d’un modèle commercial inclusif et cohérent avec les valeurs de développement durable. Grâce à sa structure, B4IG met la responsabilité des pratiques inclusives dans les mains des gouvernements et des grandes entreprises s’étant taillé une place privilégiée dans le marché international.
Le Fonds d’Emprunt Montérégie : moteur de l’entrepreneuriat inclusif local
Au Québec, l’accès au financement est indéniablement l’un des barrières les plus courantes auxquelles font face les membres des groupes sous-représentés dans le monde de l’entrepreneuriat. Pour en être convaincus, on n’a qu’à revisiter les déclarations des panélistes de la conférence Entrepreneuriat inclusif et diversité, mentionnée précédemment :
Dans les mots de Fabrice Vil, fondateur de Pour 3 points et créateur du documentaire Briser le code, « l’accès au capital et au financement ainsi que l’accès à différents réseaux pour développer leurs projets sont des obstacles majeurs de la création d’entreprises. C’est un réel défi de soutenir des entrepreneurs issus de certains groupes, c’est le cas notamment de l’inclusion dans l’entrepreneuriat noir ».
Pour sa part, Tania Saba a dit que « Le financement est capital et reste difficile pour des minorités qui vont souvent puiser dans leur épargne personnelle pour démarrer leur projet. Le soutien et l’accompagnement ainsi que le renforcement des compétences est la suite nécessaire. […] En général, ils vont intégrer les incubateurs quand ils ont les fonds et que le projet est bien amorcé. Enfin, le réseau va aider à décrocher les premiers contrats. En définitive, ces entrepreneurs vivent des difficultés à chaque étape du processus ».
Et c’est dans cette foulée que les organismes de microcrédit entrepreneurial comme le nôtre, qui se trouvent répartis sur tout le territoire de la province, ont sa place. Nous épaulons ainsi les personnes exclues du système de crédit traditionnel, telles que les 50 ans et plus et celles issues de l’immigration. L’un des atouts les plus importants du soutien offert par ces organismes est qu’il ne vient pas seulement sous forme d’aide financière, il est aussi apporté sous forme d’accompagnement de proximité, de formations et d’appartenance à un réseau, ce qui facilite aux entrepreneurs de sortir de l’isolement.
L’avenir de l’entrepreneuriat inclusif
La construction d’un tissu entrepreneurial inclusif et équitable est ainsi un enjeu complexe aux variables multiples qui mérite d’être réfléchi. Finissons donc avec une pensée sur laquelle il vaut la peine de s’y attarder, tirée de la conférence Entrepreneuriat inclusif et diversité :
« Les solutions pour favoriser l’accès à l’entrepreneuriat devraient être simples. Le fait de reconnaître que des biais sont inclus dans les systèmes est nécessaire. Ils doivent évoluer pour répondre aux besoins des entreprises. De nombreux soutiens sont offerts aux entrepreneurs aujourd’hui, ils ne savent pas toujours où donner de la tête, rapprocher les éléments de l’écosystème va permettre un cheminement plus aisé. »
[1] Selon la théorie de Stuart Hart dans « The fortune at the bottom of the pyramid » et cité par carenews.com dans son article « L’entrepreneuriat inclusif, qu’est-ce que c’est ? », publié le 10 mars 2022 et consulté en octobre 2023.
[2] https://www.carenews.com/tpsf-travaux-publics-sans-frontieres/news/l-entrepreneuriat-inclusif-qu-est-ce-que-c-est, consulté en octobre 2023.